Un garçon différent Chapitres 1 et 2

Je partage avec vous cette histoire qui me tient à coeur.
Le feederism sera présent mais n'en est pas le sujet principal.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.

CHAPITRE 1

Lorsqu’il rentra de l’école ce jour-là, Yann jeta son sac à travers la pièce. Le petit sac à dos noir effectua une partie de son voyage dans les airs, avant de glisser sur le sol et de finir sa course en heurtant la panière à linge violette remplie à ras-bords.
« C’est moi ! » lança t-il avant de s’engouffrer dans sa chambre et de fermer la porte sans attendre de réponse.
Il sortit de son fauteuil et s’allongea sur son lit en soupirant. Sa journée n’avait pas été particulièrement longue mais il était épuisé. Dans son collège, le mercredi après-midi était consacré aux activités artistiques. Alors qu’il tentait tant bien que mal de se reposer, d’un seul coup la porte de sa chambre s’ouvrit.  Sa mère apparut dans l’encadrement de la porte et lui dit « C’est bientôt l’heure du bain. Prépare toi, je reviens dans cinq minutes pour te mettre dans l’eau, car après je dois encore préparer le repas pour ce soir. ». Comme d’habitude, elle n’avait pas frappé…
Alors le garçon s’assit sur le sol de sa chambre et commença à se déshabiller. Lorsqu’il eut terminé il mit ses vêtements en boule et les jeta dans la panière. Comme toujours ils étaient mouillés mais sa mère ne s’en apercevrait pas.  Puis il alla s’assoir sur la chaise à roulettes de son bureau. C’était le moyen qu’ils avaient trouvé pour qu’il puisse rentrer dans le bain. Il s’asseyait sur sa chaise que sa mère poussait jusqu’à la salle de bain. Une fois arrivé au bord de l’eau elle l’aidait à passer ses jambes au-dessus du rebord de la baignoire. Enfin le garçon se hissait à la force des bras sur celui-ci puis finissait par s’agenouiller dans l’eau.
Ce soir là, la manipulation se déroula exactement comme tous les autres soirs. Après s’être déshabillé, Yann s’assit sur sa chaise de bureau tandis que les pas de sa mère se faisaient déjà entendre dans le couloir qui menait à sa chambre. Lorsqu’elle pénétra de nouveau dans la pièce, leurs regards se croisèrent. Sans aucune autre précaution elle poussa la chaise à roulettes dans la salle de bain. Au moment où le garçon se hissai sur le rebord de la baignoire, elle mit la main sur son dos pour le soutenir. Elle éprouva alors un grand sentiment de dégoût face au corps handicapé, gras et mou de son fils. Bien qu’aucun mot n’avait été échangé, c’était ce dégoût que le garçon avait perçu dans les yeux de sa mère quelques minutes auparavant. Une fois que sa mère fut sortie, Yann s’allongea dans l’eau. Il laissa l’eau chaude recouvrir son corps et détendre les muscles de ses jambes et de ses bras qui étaient toujours contractés à cause de son handicap. Puis il mit la tête sous l’eau et resta un petit peu en apné. Il voulait tout oublié : sa journée, le dégoût qu’il avait vu sur le visage de sa mère et même sa vie entière. Puis, rassemblant son courage il s’agenouilla dans l’eau. Avant de se laver Yann regarda son corps :  il avait des seins de fille et son ventre formait une bouée bien ronde surmontée d’un petit bourrelet, tandis que ses cuisses étaient grasses même si elles ne se touchaient pas encore. Enfin ses fesses étaient rondes et molles. Il n’était pas obèse mais franchement en surpoids. Il savait très bien que ça ne plaisait pas à ses parents mais lui il aimait avoir un corps mou et moelleux, c’était comme ça qu ‘il se sentait bien.
Tout en réfléchissant il attrapa son gant et commença à se laver. Il se lavait toujours d’abord le haut du corps puis les jambes et enfin le dos. C’était la suite de mouvements la plus facile pour lui. Une fois tout ça terminé, il en profita encore quelques minutes pour se détendre, puis il appela sa mère par son prénom. Il ne savait pas pourquoi mais il n’avait jamais réussi à appeler ses parents « papa » et « maman »….
Quelques minutes après, sa mère qui était en train de faire à manger arriva. Une bonne odeur de hachis parmentier flottait dans l’air. Avant de sortir de l’eau, Yann se secoua les mains pour ne pas mettre de l’eau partout – sa mère détestait ça et le lui reprochait souvent – et il se mit debout en se tenant de chaque côté de la baignoire. Ensuite, l’ensemble des gestes qu’il faisait pour rentrer dans l’eau se répétait dans le sens inverse avec une précision quasi robotique. Une fois qu’il fut de nouveau assis sur sa chaise, sa mère lui essuya les jambes puis lui tendit la serviette pour qu’il puisse se sécher le reste du corps. Une fois cela fait, elle le ramena dans sa chambre et lui demanda :
« Tu as besoin d’aide pour la suite ? »
« Non » répondit-il simplement
Après tout, il savait très bien se débrouiller seul. Alors il finit de s’essuyer tranquillement puis il mit son pyjama. Le plus difficile à mettre pour lui, c’était les chaussettes mais avec de l’entrainement il avait réussi. Il rentrait d’abord le gros orteil puis les autres, il tournait la chaussette pour positionner le talon, et enfin il remontait le tout. Quand il eut fini de s’habiller, sa mère l’appela pour manger. Yann remonta alors dans son fauteuil et alla dans la cuisine. En entrant dans la pièce il vit que son père était rentré du travail.
« Bonjour » lui dit-il.
« Salut » répondit son père.
Puis il s’installèrent chacun à leur place. Yann était au bout de la table tandis que ses parents se faisaient face en s’asseyant de part et d’autre de leur fils. Avant de s’assoir, sa mère ramena le plat de hachis parmentier ainsi que la salade verte qui l’accompagnait et elle servit tout le monde, d’abord Yann, puis son père et enfin elle. Elle ne donna à Yann qu’une petite portion qui tenait dans une seule cuillère. Le début du repas se fit dans le silence. Alors que tout le monde mangeait sans dire un mot, d’un seul coup la mère de Yann lança :
« Au fait, qu’as-tu mangé à la cantine ce midi ? »
« Eh voilà c’était reparti » pensa t-il. Comme tous les soirs il devait détailler par me menu tout ce qu’il avait mangé à midi : «2 œufs mayonnaise, du poulet avec du riz, du fromage et un fruit, dit-il.
« Ah bah tu aurais pu prendre qu’un seul œuf mayo parce que je trouve que tu as encore grossi. » dit sa mère.
Son père le regarda sans dire un mot. Yann baissa la tête et ne dit rien.
Le repas se poursuivit sans autre fait marquant. Ses parents discutèrent des faits sociaux et internationaux qui faisaient l’actualité et ne lui adressèrent plus la parole. Yann tenta de s’intéresser aux sujets mais la guerre à l’autre bout du monde et la privatisation de telle entreprise française étaient des sujets qui dépassaient le garçon de 12 ans qu’il était. Alors il s’absorba dans ses pensées et il termina son assiette en silence. Quand tout le monde eut fini, il demanda :
« Je peux en ravoir ? »
« Non tu as assez mangé » dit sa mère. Yann ne fut pas surpris de la réponse.
« Alors je peux sortir de table ? »
« Oui », dit sa mère
Alors Yann croisa ses couverts dans son assiette puis partit dans sa chambre. A peine avait-il fermé la porte que son ventre gargouilla. Evidemment il avait encore faim. Pendant un court instant il resta planté au milieu de sa chambre sans rien faire. Yann se sentait triste. Ce soir il n’avait pas de devoirs. Qu’allait-il bien pouvoir faire de sa soirée… Après plusieurs minutes de réflexion il alluma son ordi portable et il regarda des choses et d’autres sur internet.
Puis soudain, son regard accrocha la panière remplit de linge. Alors il cliqua sur l’icône d’un forum d’aide psychologique sur lequel il allait parfois et il décida d’ouvrir un nouveau sujet. Le message qu’il posta sur le forum était très court et après les formalités d’usage, ne consistait qu’en une seule question : « quelles sont les causes de l’incontinence ? »

C'est excellent! Un peu autobiographique ai-je l'impression aussi. Continue!

Tu ne sauras pas étonné de savoir que j'adore, j'ai vraiment hâte de lire la suite Bravo à toi, je suis super fière

Une vraie tranche de vie, c'est fort...

J'ai hâte de la suite également merci !

Merci pour tous vos messages.
Je vous confirme que je suis en train d'écrire la suite!

Super !!! Je vais passer régulièrement à nouveau sur le forum alors eh eh eh

Chocomiel a écrit:

Super !!! Je vais passer régulièrement à nouveau sur le forum alors eh eh eh

Merci pour ton enthousiasme Chocomiel. Ca fait chaud au coeur !

CHAPITRE 2

Bien que personne n’y prêta vraiment attention, les jours suivants Yann était distrait. Cependant, à l’exception des Maths durant lesquelles le prof allait de toutes façons toujours trop vite pour lui, il parvenait toujours à suivre les cours. Pour ces dernières, il était obligé de demander son cours à Laura, la jeune fille qui, il y a quelques semaines, s’était proposée pour prendre des notes pour lui en cas de soucis. Malgré tout, à chaque cours, il y avait toujours un moment où il décrochait. Alors il se figeait, son stylo lui échappait des mains et ses yeux se perdaient dans le vague. Seuls quelques mouvements de cils venaient troubler cet immobilisme. Son voisin devait lui donner un petit coup de coude ou lui adresser quelques mots pour qu’il revienne à lui.
Pour ne rien laisser paraître devant ses amis, Yann faisait le pitre. Mais quand il rentrait chez lui après ses journées de classes, rien ne s’arrangeait. Quand il passait la porte, il saluait toujours sa mère pour lui dire qu’il était rentré, puis il s’enfermait dans sa chambre et faisait ses devoirs. C’est à peine si ses parents se souciaient de savoir comment il allait et les seules interactions qu’ils avaient ensemble étaient pour le bain et les repas.
Lors du diner du vendredi soir, son père parla surtout de ses conditions de travail et des relations qu’il entretenait avec ses collègues. Ensuite, il demanda à sa femme :
« Et toi qu’as-tu fait aujourd’hui ?»
« Eh bien, j’ai fait les courses, puis j’ai nettoyé le salon, j’ai été voir la voisine qui avait besoin d’aide et j’ai préparé le repas .»
« Et toi Yann, tu vas bien à la piscine demain avec l’école ? »
« Oui bien sûr ! » répondit le garçon en souriant
« Ah tant mieux », dit-il « parce que là tu es vraiment gros. Il faut que tu fasses plus de sport ! »
Une grande tristesse s’empara alors de Yann. Heureusement c’était la fin du repas et il put sortir de table. Il ne voulait pas que la conversation ne devienne encore plus blessante pour lui. Ce n’était évidemment pas la première fois que ses parents lui faisaient une réflexion sur son poids mais ces derniers jours cela devenait récurent. Lorsqu’ils étaient réunis, il ne se passait plus un repas sans que ses parents ne lui fassent une remarque sur son poids ou sur son handicap...  

Le lendemain, Yann se leva tôt. Il était 7h00 lorsque son radio réveil sonna. Son cours de natation ne commençait qu’à 10h00 mais à cause de son handicap, il avait besoin de beaucoup de temps pour se préparer.
Il ouvrit les volets et s’habilla en silence dans sa chambre. Puis il sortit en faisant le moins de bruit possible. Il ne voulait pas réveiller son père qui dormait encore. Il s’installa à la table de la cuisine et mangea les céréales et le lait que sa mère lui avait préparés. Puis il alla se brosser les dents et terminer de préparer son sac. Quand il eut fini il sortit de la maison.
Dehors il faisait froid et il pleuvait. Yann ferma son blouson et s’enfonça dans la nuit en direction du collège «Rimbaud». Il se situait dans la ville d’à côté et pour y arriver il en avait pour trente-cinq minutes en fauteuil. C’était long et fatiguant mais il n’avait pas vraiment le choix. Par chance la route qu’il empruntait était peu fréquentée mais les rares voitures qui passaient par là l’éblouissaient avec leurs phares jaunes. À la fin de celle-ci, il obliqua à gauche pour traverser la zone industrielle. Parmi les usines qu’il y avait là, certaines crachaient leur fumée noire toute la journée alors que d’autres étaient désaffectées et sans vie. Parmi ces dernières l’une d’entre-elles était vraiment impressionnante : elle s’élevait sur dix étages et s’étalait sur plusieurs centaines de mètres. Elle possédait des murs en pierres rouges sang et de petites fenêtres bordées de blanc. Même si le jour n’était pas encore tout à fait levé, la bâtisse projetait sur la ville son étrange silhouette. Juste après l’avoir dépassé, Yann tourna à droite. Il arriva alors dans la rue de son collège. Il passa devant le bâtiment et se rendit sur le parking où l’attendait un bus. En le voyant arriver, le professeur encadrant la sortie le salua et l’aida à monter les marches du bus, tandis que le chauffeur rangeait son fauteuil dans la soute. Enfin Yann s’assit sur le siège le plus proche car chaque pas lui demandait un effort considérable. Il voulait prendre le bus pour rencontrer d’autres enfants de son âge. Malheureusement, cette fois encore, son prof de sport M. Nicolas s’assit à côté de lui ce qui l’empêcha de se faire de nouveaux amis. Le voyage se passa donc sans grand bouleversement...

Lorsqu’ils furent arrivé à la piscine après une demie-heure de bus, Yann fila directement dans le vestiaire et s’installa dans la cabine réservée aux personnes handicapées. Elle était très spacieuse et un banc en bois courait sur l’ensemble des murs. Yann se déshabilla et enfila son maillot de bain. Puis il sortit et ne s’attarda pas car il ne voulait pas que les autres le voient comme ça. Personne ne le savait, mais sortir de la cabine uniquement vêtu de son maillot de bain et affronter le regard des autres lui demandait énormément de courage. Il n’avait pas confiance en ce corps grassouillet et il ne voulait pas que les autres se moquent de lui.
Avec son fauteuil il alla jusqu’au bord du bassin et mit les freins. Son prof de sport et le maître nageur le portèrent et l’assirent au bord de l’eau. Avant de se lancer il devait mettre une ceinture. Alors Yann regarda son corps et il eut honte : la sangle en plastique aux flotteurs rouges et bleus qui lui serrait la taille divisait son ventre en deux gros bourrelets et faisait ressortir ses seins. La honte qui s’empara de lui à ce moment-là rappela à Yann pourquoi il était là aujourd’hui : nous n’étions encore qu’en Octobre mais cela faisait déjà trois semaines depuis la rentrée que Yann allait à la piscine avec sa classe tous les Samedi matins. Il avait pris cette option pour essayer de vaincre sa peur de l’eau mais aussi pour perdre du poids...
D’un seul coup, Yann fut tiré de ses réflexions, il venait d’être éclaboussé. Hervé, son prof de sport venait de plonger dans l’eau. Quelques secondes plus tard, apparaissant de nouveau à la surface et faisant face à Yann, il prit le garçon par les mains et l’entraina avec lui. En un instant Yann oublia ses soucis.
« Alors comment tu te sens aujourd’hui ? »
« Bien » répondit Yann
« Tu as envie de faire quelque chose en particulier aujourd’hui ?»
« Hum, je ne sais pas trop » dit-il.
« Alors écoute, je te propose de commencer par des petits exercices, puis on pourra faire quelques longueurs et si on a le temps en fin de séance on pourra aller nager avec les autres dans le grand bain. Ça te va ? »
« Oui » dit Yann, le sourire aux lèvres.
« Bien, alors enlève ta ceinture et commence par bien te détendre » lui dit-il.
Joignant le geste à la parole, Hervé l’aida à enlever sa ceinture. Le jeune garçon éprouva un grand sentiment de soulagement quand elle se desserra et que son ventre reprit sa forme habituelle. Avant de débuter ses exercices Yann plongea dans l’eau, vida tout l’air de ses poumons, poussa sur ses pieds et, en réapparaissant à la surface, inspira une grande bouffée d’air comme si sa vie en dépendait.  
« Bien » dit Hervé, « pour commencer nous allons travailler un peu ton apnée. Ça pourra t’être utile et te donner d’avantage de temps pour réagir si un jour tu es en difficulté. »
« D’accord » dit Yann
«Tu peux donc te tenir au petit escalier de la piscine juste là, et dès que tu as la tête sous l’eau je commence à compter. D’accord ? »
« Oui très bien » répondit le garçon.
Alors Yann prit une inspiration et fit une première tentative.
« 1,2,3... » compta son prof.
Yann remonta à la surface au bout de trente secondes.
« Tu dois prendre une plus grande inspiration avant de démarrer. » lui dit Hervé.
« Je vais essayer » répondit Yann.
Il suivit le conseil de son prof puis s’élança pour son deuxième essai.
« 1,2,3,4,5... » compta Hervé.
Yann faisait tout pour garder la tête sous l’eau… Arrivé au bord de l’implosion il bondit hors de l’eau !
« 34 » dit son prof. « C’est bien mais il faut que tu gardes l’air dans tes poumons tant que tu n’en as pas besoin. »
« Ah Ok » dit Yann.
En écoutant les conseils que lui donnait son professeur de sport après chaque nouvelle tentative, Yann progressait. À la fin de la sixième il avait atteint quarante-cinq secondes.
C’était seulement la troisième séance de natation. Lors de la première Yann avait pris ses repères et durant la seconde il avait été un peu livré à lui-même. Devant les difficultés que le garçon rencontrait, son professeur de sport et Mathieu le maître nageur, avaient conclu un accord : Hervé  s’occuperai exclusivement de Yann tandis que le maître nageur surveillerai le reste du groupe. C’était donc la première fois qu’il faisait de tels exercices et là, il était vraiment à bout de souffle...
«Bon, on va arrêter là pour cette semaine. C’est un bon début. Détends toi et prends le temps de reprendre ton souffle tranquillement. Après on fera autre chose. »
Quelques minutes plus tard Yann se sentait mieux.
« Bien alors maintenant on va passer à un autre exercice. Tout en te tenant au rebord de la piscine tu vas aller chercher ce petit anneau en plastique au fond de l’eau. D’accord ? »
« D’accord » acquiesça le jeune garçon.
Après avoir pris une inspiration, Yann plongea dans l’eau. Il plia ses jambes, s’arc-bouta et se débattit mais son corps refusait de s’enfoncer dans les profondeurs.
« Pour pouvoir descendre tu dois lentement expulser l’air que tu as pris, en faisant attention de ne pas tout utiliser d’un coup afin de pouvoir remonter. »
« Ah oui, j’ai compris ! » dit Yann.
Alors il plongea une nouvelle fois. Il mit son corps à la verticale et expira progressivement l’air emmagasiné dans ses poumons. Alors il fut irrésistiblement attiré vers le fond. Puis il tendit le bras et  saisit l’anneau en plastique sans aucunes difficultés. Pendant quelques instants, il retint son souffle et poussa sur ses pieds pour regagner la surface.
« J’ai gagné ! » cria t-il en sortant de l’eau.
« C’est bien » dit son professeur. « Voyons si tu es capable de le refaire ! »
M. Nicolas laissa le temps à Yann de savourer sa victoire. Ensuite il reprit le petit cerceau en plastique et le rejeta dans l’eau. Sans attendre, le jeune garçon alla le récupérer et le ramena presque immédiatement cinq fois de suite.
« Maintenant que ça c’est acquis et que tu gères un peu mieux ton souffle, on va pouvoir commencer à t’apprendre à nager. On va aller doucement. On va d’abord te remettre ta ceinture. »
Hervé la positionna correctement et la serra avec précaution. Lorsqu’il regarda à nouveau son corps, Yann fut encore une fois envahi par la honte...  
« Je vais progressivement t’allonger sur le dos. Quand tu seras allonger, tu écarteras le plus possibles tes bras et tes jambes et si jamais un peu d’eau arrive dans ta bouche tu la recraches sans paniquer. C’est compris ? » lui demanda Hervé.
Yann fit « Oui » de la tête.
Alors Hervé plaça sa main gauche sous le dos du garçon et de sa main droite saisit celle de Yann. Doucement il le positionna horizontalement dans l’eau. Yann sentait son corps bouger à cause du remous de l’eau. Il n’était pas très rassuré...
« Voilà on y est ! Ecarte tes bras et tes jambes » dit son professeur.
Yann faisait de son mieux.
« Ça y est tu flottes » lui dit-il. « On va rester un peu comme ça, le temps que tu t’habitues à cette nouvelle sensation. Essaies de détendre tes muscles et d’être moins crispé. »
Après quelques minutes ainsi Yann parvint à se détendre un peu.
« Tu es bien comme ça ? » lui demanda Hervé.
Un sourire timide se dessina sur le visage du garçon qui n’osait parler. Hervé retira sa main qui soutenait Yann.
« Maintenant, quand tu seras prêt tu pourras commencer à bouger tes bras et les rapprocher de ton corps. Tu peux aussi essayer de battre des jambes »
Alors Yann s’exécuta. Il n’arrivait pas à bouger ses jambes, mais timidement il rapprocha ses bras de ses cuisses puis les étendit à nouveau. Il répéta ce geste à plusieurs reprises. Ses mouvements étaient frêles et maladroits et ils manquaient de coordination mais il sentait qu’il avançait doucement. Après avoir fait un aller-retour dans le sens de la largeur, son professeur l’aida à se retourner et à saisir le bord du bassin. Yann était épuisé...  
« Tu as l’air fatigué » lui dit Hervé. « Pour la dernière demie-heure je te propose d’aller rejoindre les autres dans le grand bain. Ça te dit ? »
« Oh oui ! » s’exclama Yann. C’était nouveau pour lui mais ce qu’il voulait au-delà de tout c’était être avec les autres.
« Alors monte sur mon dos et attrape mes épaules. Je vais t’emmener de l’autre côté. Quand on sera sous l’eau, tu resteras un peu en apnée et si tu as besoin tu expulseras l’air de tes poumons. En cas de problème tu me donneras deux petites pressions sur les épaules et je remonterais à la surface. Tu penses que ça ira ? »
« Oui » dit le garçon en souriant.
Alors Hervé se mit à la hauteur de Yann et celui-ci s’accrocha à ses épaules. Ils traversèrent la piscine dans toute sa longueur à vitesse grand V et pendant quelques secondes Yann se sentit libre. Tout se passa comme prévu et les autres élèves furent surpris de voir débouler Yann et M. Nicolas si vite dans le grand bain.
Une fois arrivé, Yann descendit des épaules de son prof de sport. Hervé positionna confortablement le garçon à côté du petit escalier qui s’enfonçait dans l’eau et sortit quelques secondes pour échanger quelques mots avec le maître nageur. Pendant ce temps Yann observa les autres enfants autour de lui. C’est alors qu’il remarqua un garçon bien grassouillet. Il avait des cheveux noirs, des yeux bleus et un beau visage rond avec un petit double menton. Leurs regards se croisèrent et les deux garçons échangèrent un sourire.
Puis M. Nicolas revient dans la piscine en empruntant le petit escalier.
«Les enfants, pour terminer la séance nous allons jouer un peu ensemble. Nous allons faire quelque chose qui ressemble à du handball. En effet, comme au handball il faut mettre le ballon au fond des filets adverses. Mais avant toute tentative de tir vous devrez vous faire un minimum de trois passes.  Vous êtes vingt-quatre. Nous allons donc faire deux équipes de douze. »
Hervé sépara le groupe en deux et constitua les deux équipes en suivant les conseils que lui avait donnés le maître nageur.  
« Maintenant, choisissez un goal par équipe. Et n’oubliez pas il faut un minimum de trois passes avant de tirer. Evidemment Yann joue aussi. Je l’aiderai à se déplacer mais c’est un joueur comme les autres alors passer lui aussi la ballon. C’est compris ?
« Oui ! » répondit d’une seule voix l’ensemble du groupe.
« Alors c’est parti ! » lança le prof de sport tandis que le maître nageur sifflait le début du match.
Les vingt-cinq minutes de jeu se passèrent aux milieux des cris de joie des enfants. Yann reçu plusieurs fois la balle et fit plusieurs belles passes. Lors de la dernière action il marqua même un but : alors que l’équipe adverse attaquait, le ballon fut récupéré par un de ses coéquipiers. Les passes s’enchainèrent vite. Avec l’aide de son prof de sport, Yann remonta les bassins sur le côté gauche. Voyant qu’il s’était démarqué, le garçon qui lui avait souri lui fit une passe et, tandis qu’Hervé le tenait par la taille Yann décocha un tir puissant qui vint se loger dans la cage de l’équipe adverse. Après cette action le maître nageur siffla la fin du match et l’équipe de Yann l’emporta donc 3 buts à 1.
Après cela, Hervé et Mathieu l’aidèrent à sortir de l’eau et à remonter dans son fauteuil. Il fallut quelques secondes au garçon pour reprendre ses esprits car il avait froid. Puis il revint rapidement dans sa cabine. Il eut beaucoup de mal à se sécher correctement et à se rhabiller car il ne parvenait pas à mettre ses habits lorsqu’il était assis dans son fauteuil. Il fut obligé de se mettre sur le sol carrelé, froid et rêche des vestiaires. Enfin, comme il était toujours un peu mouillé, ses vêtements s’accrochaient à sa peau...
Après avoir bataillé avec ses vêtements et avoir finalement réussi à les enfiler, il sortit rejoindre le reste du groupe. Il voulait faire la connaissance du garçon bien rond qu’il avait vu tout à l’heure mais il ne le trouva pas. Après deux heures de natation, il avait vraiment faim ! En fouillant dans son sac il trouva le petit encas que lui avait préparé sa mère. Il le déballa avec excitation mais sa joie retomba vite lorsqu’il vit que ce n’était qu’une pomme. Alors que les autres avaient le droit à quelque chose de doux, tendre et réconfortant comme des gâteaux, des chips ou des barres chocolatées, lui n’avait le droit qu’à une pomme. De rage il faillit la balancer, mais il avait vraiment faim et c’est tout ce qu’il avait. Alors il se résigna à la manger sans plaisir...
Quelques minutes plus tard, il fallait déjà remonter dans le bus. Comme à l’aller, son prof de sport s’assit à côté de lui, mais après tout, cela n’avait pas trop d’importance puisqu’à peine le bus avait-il démarré que Yann s’endormit. Une fois arrivé sur le parking du collège, le chemin qui lui restait à faire sous la pluie battante lui semblait interminable. Il ne comptait même plus sur le repas pour le réconforter car il savait que comme tous les midis et tous les soirs depuis quelques jours maintenant, une fois qu’il aurait fini de manger, il aurait encore faim…
« J’ai fait du poisson et des épinards » lui dit sa mère lorsqu’il eut déposé son sac dans sa chambre et qu’il s’installait pour manger en famille.
« Génial » dit-il tout bas d’un air triste et las, et il mangea sans un mot...

Le reste du weekend se passa sans remous mais sans éclaircies non plus. Yann vivait dans un petit village de campagne où il n’y avait qu’une épicerie, un bar et une école primaire. La maison de ses parents était entourée de champs. Souvent les enfants du voisinage allaient jouer dans la forêt qui n’était pas loin, mais lui ne pouvait pas y aller car les chemins n’étaient pas praticables en fauteuil roulant. Alors il passait ses weekends enfermé dans sa chambre.
Lorsqu’il ne faisait pas ses devoirs il écoutait de la musique. C’était sa manière à lui de s’enfuir. Parfois en enchainant les disques il se prenait pour un animateur radio. Alors il parlait à voix haute et il disait par exemple « Voilà c’était Marilyn Manson avec Antichrist Superstar et maintenant on continue avec Machine Head et leur album Burn My Eyes sortit en 1994 ! » et il appuyait sur « Play »...
C’est comme ça que se passa ce weekend-là. Mais le dimanche soir en regardant ses mails il fut surpris de voir qu’un message privé l’attendait sur le forum où il avait posé une question quelques jours plus tôt…
En quelques clics il se rendit sur le site. Le message en question provenait de Nola74. Avant de l’ouvrir, Yann jeta un coup d’œil à son profil. Il apprit que cette personne avait quarante-trois ans et qu’elle habitait en région parisienne pas très loin de lui. Le message, intitulé « Incontinence », disait :

Bonjour Yayayo12,

Je t’écris suite au message que tu as laissé sur le forum. Comme je ne suis pas psy et que le sujet est très intime j’ai préféré te contacter en privé. Une psychologue te répondra sûrement ultérieurement.
Cependant je suis infirmière, je travaille en milieu hospitalier et je peux déjà te donner quelques informations importantes. Il existe plusieurs types d’incontinences dues à de multiples facteurs. Les principales sont :

   • l’incontinence à l’effort : qui survient lors d’un effort physique
   • l’incontinence par impériosité : avec besoin soudain et irrépressible d’uriner
   • l’incontinence mixte : combinaison des deux incontinences précédentes
   • l’incontinence par regorgement : la vessie déborde même après avoir uriné
   • l’incontinence fonctionnelle : incontinence d’origine fonctionnelle

Ces différentes incontinences peuvent avoir une multitude de causes  : stress,  faiblesse musculaire, problème de vidange de la vessie, trouble neurologique, maltraitance… Penses-tu que certaines de ces causes pourraient expliquer ta situation ?

Pour finir, que fais-tu dans la vie ?

N’hésite pas à me recontacter si tu as d’autres questions.

Bien à toi,

Nola74

Yann lu plusieurs fois le message et après avoir retourné le problème dans tous les sens, il envoya simplement la réponse suivante :

Bonjour Madame,

Je m’appelle Yann et j’ai 12 ans. Je suis en classe de 6e au collège « Rimbaud », peut-être que vous connaissez.

Je vous remercie pour votre message et pour votre aide. Malheureusement rien ne semble correspondre à ma situation. Je crois que je ne fais tout simplement pas assez attention et que je ne fais pas assez d’efforts pour me retenir…

A bientôt peut-être.

Yann

Très bon. Au départ j'allais pointer du doigt une erreur d'homophones (phares-far), mais au vu de la psychologie du personnage (voire de l'auteur), ça ressemble plus à un lapsus révélateur laissé là intentionnellement . Des phares d'ailleurs jaunes, c'est à ce genre de détails que l'on voit que nous ne sommes plus tout jeunes Et puis la bienveillance d'Hervé envers Yann me rappelle celle du maître nageur m'ayant appris à vaincre ma peur de l'eau, à gérer ma respiration et à nager, un peu près au même âge d'ailleurs.

fossilman a écrit:

Très bon. Au départ j'allais pointer du doigt une erreur d'homophones (phares-far), mais au vu de la psychologie du personnage (voire de l'auteur), ça ressemble plus à un lapsus révélateur laissé là intentionnellement . Des phares d'ailleurs jaunes, c'est à ce genre de détails que l'on voit que nous ne sommes plus tout jeunes  Et puis la bienveillance d'Hervé envers Yann me rappelle celle du maître nageur m'ayant appris à vaincre ma peur de l'eau, à gérer ma respiration et à nager, un peu près au même âge d'ailleurs.

Content que l'histoire te plaise.
J'ai corrigé la petite faute sur les "phares" car non ce n'était pas voulu.
Merci pour ton commentaire!

Citation :

mais au vu de la psychologie du personnage (voire de l'auteur), ça ressemble plus à un lapsus révélateur laissé là intentionnellement Wink

Peux-tu développer ton ressenti à-propos de la psychologie de mon personnage? Je serais curieux d le connaître !

Je me disais que lors d'une matinée froide et pluvieuse, sa faim aurait pu accaparer son esprit au point de voir des fars (bretons?) en lieu et place de phares. Le genre d'aliments qui réchaufferait son corps et son âme . Le far breton, le grand classique des goûters d'anniversaires à l'école primaire, un petit goût de nostalgie donc.

Ce que tu dis est très intéressant et effectivement cela aurait pu être possible mais j'ai pas pousser le vice jusque-là.
Je suis heureux que cette histoire te parle !

Bonjour,
Quand j'aurais le temps je prévois d'écrire une suite à cette histoire.
Je voulais savoir si la suite intéresse quelqu'un ici?

Super hâte d'avoir une suite

Un petit message pour vous dire que j'ai commencé à écrire le troisième chapitre. Je ne sais pas trop quand je le publierai mais j'essaie d'écrire quand les cours m'en laissent le temps

coool cette histoire

yao a écrit:

coool cette histoire

Merci! J'écrirais bientôt la suite!

Bonjour!
Y a t-il encore des gens intéressée par cette histoire?

Oui. On attend la suite.

Merci! Je continuerai bientôt!